21 mars 2019

QUAND L'HALEINE BRISE LES MIROIRS

Il a beau être totalement à mon goût. Sourire en réponse à mes sourires. Avoir des yeux magnifiques. Un regard d'ange ou totalement pervers qui m'excite. Un corps de calendrier des Dieux du Stade ou de danseur contemporain. Il a beau correspondre à mon envie du moment ou à mes plus folles projections. Être un garçon rencontré dans un bar, sur le net, ou encore dans un sex-club. Si au moment où il ouvre la bouche il a l'haleine fétide, pour moi c'est terminé. Finito. Basta.
Et je ne parle pas d'odeur d'ail, de tabac ou d'alcool ( quoi que trop violente, l'odeur d'alcool ou d'ail c'est grave aussi ), je parle de cette rance émanation de fond gorge.
Ce truc qui donne l'impression d'infection pas encore terminée ou de reflux gastrique. C'est bien simple, ça m'éteint. Plus de désir, plus d'érection, rien.
D'aucun sont rebutés par certaines pratiques, certaines parties du corps ou scénarios ; moi, je tombe en panne à l'instant même où mes narines flairent le moindre degré d'halitose chez un homme ( même le plus bandant du monde, donc ! ) avec lequel je suis sur le point de m'amuser.
Il y a quelque chose d'essentiel à l'haleine fraîche. Pas forcément fraîche d'ailleurs, juste saine. Stable. Qui ne fait pas penser que la langue de l'autre est lourdement chargée, et qu'on risque de se choper ses miasmes. Expliqué dans le détail comme ça c'est probablement peu ragoûtant ( c'est le but ! ) mais dès l'instant où je le découvre, j'ai le haut-le-coeur.
Il y a tellement de mecs qui devraient se soucier autant de ce qui sort de leur pharynx, que de ce qu'ils y font descendre. Penser à vérifier régulièrement l'état de leurs amygdales quand ils les ont encore. Utiliser un gratte-langue après les repas et les nombreux cafés bus dans la journée.

Je peux bander instantanément en plongeant mon nez sous une aisselle musquée, dans un entrejambe après une session de running ou même entre des fesses quand elles ont un peu transpiré ( ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit ! ) mais une haleine fétide, et c'est le blocage !
Sans compter que dans l'élan d'une backroom c'est déjà frustrant. Mais que quand le rendez-vous était planifié à l'avance et que le loulou arrive la gorge encombrée, c'est carrément l'hécatombe. Je fais une fixette. Je me dis que je ne vais pas y arriver. Et ça ne manque pas. Je n'y arrive pas. Y a sans doute certains mecs qui en repartant bredouilles ont du penser que j'étais pas à la hauteur, à cause de ça.

En plus, le problème est fréquent. Trop de garçons donnent le change sur bien des points, mais au moment de l'ouverture de la bouche, c'est la déconfiture. Comme si ce n'était pas primordial.
Ça ne l'est probablement pas quand on se dit qu'on ne va être qu'à genoux à pomper. Mais si on envisage de s'embrasser, c'est impératif, fondamental.

Il a beau me rendre dingue d'envie parce qu'il me chauffe à l'autre bout de la pièce en frottant son gros service trois pièces, si quand il ouvre la bouche ça sent la vieille cave, je ne peux pas lui offrir autre chose qu'une mine de vieux chou rave.

17 mars 2019

UN PEU TROP VOLAGE

Sur l'appli, après m'avoir rappelé qu'on s'était déjà vu en vrai - parce que je venais de lui envoyer une notification lui stipulant que je le trouvais sexy et qu'au 21ème siècle on n'a visiblement plus le droit de faire deux fois la même chose sur les réseaux sociaux sans se faire blâmer - le mec m'a écrit qu'il me trouvait un peu trop volage à son goût. Et que chacun son truc, mais qu'il n'était pas intéressé par ce genre de garçons-là.
Volage. Je n'avais plus pensé à ce mot depuis la deuxième année secondaire à l'école. Période durant laquelle nous chantions encore parfois la comptine « Dans mon jeune âge ».

« J'ai connu dans mon jeune âge
Le plus joli garçon du village
Mais il est devenu volage
C'est pourquoi je ne l'aime plus
Il a tout dit tout dit tout dit
Il a tout dit tout dit tout dit toooout diiiit ... » Et ainsi de suite !

Volage, donc.
Et moi qui ai pourtant l'impression de ne pas m'amuser autant que j'aimerais !
Dans un premier temps, le mec n'avait pas répondu quand je lui avais demandé à quel endroit nous nous étions déjà vus, alors poliment j'avais expliqué qu' étant célibataire le droit m'était accordé, me semblait-il, de fréquenter autant d'adultes majeurs que je le souhaitais. Seulement, mon argument n'avait pas de poids à ses yeux, et il m'a annoncé que je « consommais » un peu trop de garçons en même temps et que lui, il n'était pas « comme ça ».

Quelle drôle de formulation. Consommer.
Je lui ai d'emblée dit que je ne consomme personne. Que je partage des moments de plaisir avec des gens quand l'attirance ressentie est mutuelle. Mais que quoi qu'il en était, le débat était obsolète, puisqu'il ne me disait pas où on s'était déjà croisé.

Sa réponse m'a effaré presque plus que l'utilisation de ce mot un peu désuet.
Il m'avait vu dans un sex-club. Durant une sex-party.
On était à une sex-party dans un sex-club et il me considère volage d'y avoir pris du plaisir. 

Parfois, on ne devrait même pas prendre le temps d'essayer de comprendre les gens.
Même si c'est ce que la nouvelle bibliothérapie d'épanouissement personnel veut nous faire croire à longueur de bouquins vendus trop cher.

Tant que vous ne faites de mal à personne, baisez avec autant de gens que vous voulez, tant qu'eux autant que vous êtes consentants.

LET'S TALK ABOUT SEX ( CLUB ), BABY !

Quand ça arrive, c'est à peu de choses près toujours le même rituel. On est dimanche. La matinée se déroule calmement et le temps sembl...